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Décryptage : Mercredi 2 juin, débats bioéthiques en Commission à l’Assemblée


À l’Assemblée nationale, retour à la case départ

Mercredi 2 juin – Tout ça pour ça !

États généraux de la bioéthiques, consultations des associations de tous poils et de tous genres, auditions à l’Assemblée nationale, puis nouvelles auditions au Sénat, commissions spéciales, débats en séances publiques… Et pour finir, une lecture au Sénat qui fait tomber ou modifie profondément les articles 1er, 2, 4 et 4bis portant sur la PMA sans Père, l’autoconservation des gamètes, a filiation et la GPA. Un clivage irréconciliable entre deux Assemblées, entre deux visions du monde : celle d’une majorité, dévouée corps et âme à la folie idéologique d’Emmanuel Macron, et celle de la Chambre haute, qui tente de maintenir des garde-fous.

Tout cela pour en arriver là : une réécriture des premiers articles presque identique au texte présenté en deuxième lecture par l’Assemblée. Tout ce temps perdu à consulter sans écouter, à faire parler pour occuper, à appeler à un débat apaisé pour sous-entendre que tout opposant est un excité. Tout cet argent jeté par les fenêtres, gâché en salaires et dépenses inutiles alors que le pays affiche sans honte une ardoise de plus de 2500 milliards d’euros ; une note laissée sans vergogne aux générations à venir.

Des générations futures que le gouvernement n’hésite pas à malmener encore et toujours : plus de père, plus de racine paternelle, plus de « traçabilité familiale » ; juste un récit fondé sur la volonté de certains adultes. « Et tant mieux si le récit génétique correspond avec le récit social et le récit familial. Tant mieux. Ça veut dire que ça se passe bien ; soit. Mais il y a beaucoup de cas où le récit génétique et le récit familial se passent mal. » Coralie Dubost, co-rapporteur du projet de loi bioéthique joue la comédie ; un rôle de théâtre où elle instrumentalise les enfants à naître au profit d’une idéologie en roue libre, détournant les propos de Xavier Breton, courageux défenseur d’une recherche d’unité entre trois piliers fondateurs pour tous : corporel, affectif et social.

Las ! La majorité présidentielle ne surprend plus dans sa volonté jusqu’au-boutiste de réduire l’enfant à un « projet parental » qui fondera le « récit familial ». Un récit construit par des adultes aidés d’une médecine de prestation de services qui prospère dans un marché de la fertilité et de la procréation déjà en plein essor, comme le souligne Annie Génevard.

Et si une fois, au cours de cette folle journée, le rapporteur Jean-Louis Touraine fait état d’une lucidité stupéfiante, redoutant les pathologies croissantes générées par des grossesses de plus en plus tardives, il défend néanmoins, et fait voter, l’autoconservation ovocytaire pour permettre aux femmes de reporter leur « projet parental » à plus tard… À trop tard ? C’est bien là le drame que l’on cache aux femmes qui subiront la double peine : celle de devoir se consacrer totalement à l’entreprise repoussant à un âge avancé une grossesse compromise au-delà de 35 ans. En réalité « l‘autoconservation des ovocytes sans indication médicale est contraire à l’intérêt de la femme » (Patrick Hetzel).

Entre les délires de Raphaël Girard : « il y a des hommes qui accouchent » ou encore de Guillaume Chiche pour qui « il y a bien longtemps que la filiation ne se fait plus sur une réalité biologique », certains, à l’image de Pascal Brindeau, s’efforcent de sortir les députés LREM euphoriques de leur toute-puissance : « Vous pourrez essayer toutes les rédactions que vous voudrez, Madame la rapporteur, et vous vous y êtes essayée , vous vous fracassez devant une réalité : le Code civil est fondé sur la réalité biologique de la filiation ». Or, tout au long de la progression du texte, car de dialogue il n’y en a pas, la majorité présidentielle s’obstine à construire les liens de filiation en fonction des adultes, car « en matière de filiation, ça n’est pas l’intérêt de l’enfant qui prime… » ose dire Coralie Dubost. Une construction qu’elle réfute en matière de différence des sexes, « pure construction sociale » selon les sbires de l’idéologie du genre. Qui comprendra ?

Et l’enfant dans tout ça ? Exit son droit à connaître et, si possible, à vivre avec son père. Il ne pourra revendiquer aucun lien de filiation avec son donneur. Exit également le double consentement au sein d’un couple en matière de don de gamètes ou d’embryons. Le couple n’est plus couple, mais somme d’individus autonomes et libres de donner leurs gamètes sans en informer leur conjoint.

La route est encore longue. Il est 23h58 ce mercredi 2 juin et nous en sommes à l’étude de l’article 3, sur les 32 que compte le texte.

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