PMA. Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous, réagit à la décision du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) qui vient de rendre un avis favorable à l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Et maintient que, correctement renseignée, la population française désapprouve cette évolution.
Comment interprétez-vous la décision du CCNE ?
Cette décision va à l’encontre des commentaires et des avis que le CCNE a lui-même publiés ces dernières années sur le sujet. En 2011, il soulignait que l’enfant ainsi conçu “serait privé de père, ce qui constitue la privation d’un bien élémentaire pour un enfant.” Le CCNE a fait ce constat à maintes reprises. Or l’enfant n’a pas soudainement changé, en quelques années, au point de faire apparaître le besoin d’un père comme quelque chose d’accessoire ! Ce revirement interroge profondément sur l’éthique du CCNE, qui n’en a d’ailleurs pas de définition claire. Il faut savoir, en effet, que le CCNE n’a pas de charte éthique. Les contradictions qui apparaissent aujourd’hui en sont évidemment le résultat. En outre, cette décision intervient à l’aube d’un nouveau quinquennat et d’une nouvelle législature, 48 heures après la Gay pride de Paris : qui pourrait douter du caractère politique de cette décision ? Est-ce le rôle du Comité d’éthique de s’inscrire dans un calendrier politique ? Ne devrait-il pas, au contraire, en rester – et de manière visible – tout à fait indépendant ? Je suis également troublée – c’est peu de le dire – par le fait que dans cet avis, le CCNE fait implicitement comme si un droit à l’enfant existait. Ce n’est évidemment pas le cas, bien au contraire : les juridictions, y compris la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), indiquent explicitement qu’il n’y a pas de droit à l’enfant.
A quoi correspond exactement cette “PMA sans père” ?
La PMA sans père correspond à une assistance médicale à la procréation pratiquée au profit d’une femme célibataire ou de deux femmes en couple avec un don anonyme de sperme par un “tiers donneur”, autrement dit un homme. Il y a d’ailleurs d’autres cas possibles de PMA sans père : c’est le cas de la PMA post-mortem et c’est à ce sujet que le CCNE s’était déjà exprimé sur le fait de priver délibérément un enfant de père et de l’amputer de sa filiation paternelle.
Comme le CCNE l’indiquait dans d’autres avis, des accidents de la vie arrivent malheureusement, des enfants perdent leur père ou leur mère. Ce n’est pas pour cela que nous, adultes dont dépendent entièrement les enfants, pouvons accepter de faire délibérément des orphelins de père.
J’ajoute que si une ou deux femmes ne peuvent concevoir un enfant, ce n’est pas parce qu’elles sont atteintes d’une pathologie qui nécessiterait un traitement médical. La PMA sans père constituerait donc un détournement de la médecine. Elle utiliserait une technique médicale pour aller au-delà des capacités humaines en faisant comme si une ou deux femmes pouvaient avoir un enfant. Autrement dit, cette pratique représenterait un “saut anthropologique” immense, elle se situerait dans la perspective transhumaniste.
Pour revenir à l’enfant, il est un fait incontestable, c’est qu’une femme (ou deux femmes) ne remplace pas un père : aussi merveilleuse et aimante soit-elle, une mère n’est pas un père. Et un père n’est pas une mère. L’enfant ne peut d’ailleurs pas rester ignorant de la moitié de l’humanité : il a besoin de connaître au plus près de lui les deux sexes.