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Marie-Jo Bonnet: «Aujourd’hui, le corps des femmes est soumis à une médicalisation de plus en plus forte»


FIGAROVOX/ENTRETIEN – La médicalisation croissante du corps des femmes n’est nullement synonyme d’émancipation, analyse Marie-Jo Bonnet. Selon la militante féministe, la Gestation Pour Autrui doit également être combattue car elle réduit l’enfant, fille ou garçon, à un simple objet de contrat.

Marie-Jo Bonnet est historienne, militante féministe et co-fondatrice des Gouines Rouges. Elle a également participé au Mouvement de Libération des Femmes dès 1971. Elle a publié en 2018 Mon MLF (Albin Michel.

FIGAROVOX. – Vous êtes historienne et militante féministe, co-fondatrice des «Gouines rouges», vous avez défendu le droit à l’avortement, mais vous vous opposez aujourd’hui à la PMA et à toute manipulation médicale. Pourtant, en distinguant l’embryon de la personne humaine, n’avez-vous pas participé à favoriser la manipulation de la parentalité biologique?

Marie-Jo BONNET. – Non, cela n’est pas du tout pareil. L’avortement c’est la liberté de choisir d’être mère. Tandis que le PMA pour les femmes qui ne sont pas stériles relève de l’injonction à la maternité. La répression de l’avortement a été très forte avant la loi Veil. Des femmes mourraient.

Ceci dit, cela ne nous empêche pas de réfléchir, comme l’a fait la philosophe Françoise Collin, dans un passionnant numéro des Cahiers du Grif en demandant: les féministes auraient-elles «fourni des gages aux expérimentateurs en amenant à distinguer l’embryon, du moins au premier stade de son développement, de la personne humaine»? C’est une question que l’on peut débattre tout en acceptant le principe de l’avortement. Or, aucun vrai débat n’a lieu concernant la PMA.

Aujourd’hui, le corps des femmes est soumis à une médicalisation de plus en plus forte. Subir une stimulation ovarienne pour pratiquer une insémination artificielle est d’autant plus violent que la «patiente» n’est pas stérile. En 2016, le taux de réussite des PMA stagnait autour de 17 % par femme et par tentative, avec une augmentation de prématurés. La loi bioéthique comprend aussi la congélation des ovocytes.

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