Le dernier événement organisé, ce dimanche 7 mars, par La manif pour tous, a fait le tour du monde mais les médias français l’ont boudé. Il visait pourtant à alerter l’opinion sur le fait que, dans sa course folle, le progressisme sociétal ne laissera rien intact. Entretien avec Ludovine de la Rochère, une présidente plus que jamais motivée par ce combat essentiel.
Valeurs actuelles. Le pont d’Iéna, la tour Eiffel en arrière-plan, près de trois cents « Mariannes » enchaînées : vous avez sorti les grands moyens pour cette manifestation, ce dimanche. L’heure est donc si grave ?
Ludovine de la Rochère. Nous avons rassemblé 268 Mariannes, nombre symbolique parce qu’il correspond à la durée moyenne en jours d’une grossesse. Ces 268 jeunes femmes ont célébré à leur manière la Journée internationale des droits des femmes parce que l’heure est grave, en effet. Il fallait alerter urgemment et de manière très visible et spectaculaire du contenu du projet de loi dit « bioéthique » : la PMA sans motif médical, dont les femmes souffrant d’une pathologie de la fertilité seront les premières victimes ; la PMA sans père, qui irait avec une double filiation maternelle piétinant le sens et la réalité de la maternité ; l’autoconservation ovocytaire sans motif médical, synonyme pour les femmes d’une pression de leur employeur pour remettre leur désir de maternité à plus tard… Sans oublier la gestation pour autrui (GPA). Si c‘est la version du gouvernement qui est adopté par le Parlement, le projet de loi « bioéthique » mettrait en place toutes les conditions – droit à l’enfant, filiation fictive, détournement de la médecine… – qui permettraient la légalisation de la GPA lors de la révision de la loi bioéthique suivante. Le projet de loi contient même déjà, dans son article 4bis, la possibilité de reconnaître la filiation d’intention résultant des GPA faites à l’étranger par des Français ! Le recours à des mères porteuses par nos concitoyens est déjà toléré, et même facilité, par la justice française, et promu par des médias et des politiques, comme Elisabeth Moreno, pourtant ministre à l’Egalité femmes-hommes. Cet événement s’adressait donc avant tout à ceux qui ne voient pas, ou ne veulent pas voir, que les femmes seront les victimes de ce projet de loi prétendument « de progrès ».
Malgré cela les grands médias ont boudé l’événement. Comment l’expliquez-vous ?
Pour la Journée internationale des droits des femmes, l’AFP a en effet préféré couvrir le rassemblement de militantes féministes place de la République et l’exposition d’un clitoris gonflable sur l’esplanade du Trocadéro. Nous avions pourtant invité l’AFP. C’est d’autant plus stupéfiant que cette agence, assurant une mission d’intérêt général, est largement financée par l’Etat. Elle a par conséquent un devoir de neutralité. Nous n’avons pas pu connaître la raison de leur absence. Au-delà de ce cas particulier, il ne faudrait pas que cela se répète. En effet, pour combattre efficacement la GPA et toutes les atteintes à la dignité de la femme, il ne faut pas se voiler la face et, pour y parvenir, nous appelons à une mobilisation de tous les acteurs, y compris les élus, les intellectuels et les journalistes.