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La PMA pour les femmes seules, une mesure controversée


Le projet de loi de bioéthique, dont l’examen en commission commence mardi 10 septembre, prévoit d’étendre la procréation médicalement assistée aux femmes célibataires.

Le fait d’écarter l’altérité dans la filiation ab initio interroge, jusque chez les défenseurs de la réforme globale. 

C’est l’une des mesures emblématiques du projet de loi de bioéthique, dont l’examen en commission, à l’Assemblée, commence le 10 septembre : l’accès des femmes seules à la procréation médicalement assistée (PMA), en dehors de toute infertilité.

La future loi, qui prévoit par ailleurs d’étendre ces techniques aux couples de femmes homosexuelles, ne rend pas seulement la figure du père contingente dans l’enfantement ; elle écarte également la notion d’altérité, toute femme en âge de procréer étant dès lors autorisée à solliciter un don de sperme pour avoir un enfant seule. Autrement dit ab initio (dès le commencement) et non en conséquence d’un accident de la vie.

Autonomie des femmes

Dans son rapport parlementaire, le député Jean-Louis Touraine (LREM, Rhône) justifie la mesure par « la pluralité des cellules familiales aujourd’hui » et par l’émergence des « mères solos », c’est-à-dire le choix délibéré de devenir « une mère célibataire » – situation qu’il distingue des familles devenues monoparentales à la suite d’une séparation ou d’un divorce. La législation doit, selon lui, s’ajuster à ces évolutions et répondre au désir d’enfant de ces femmes n’ayant pas trouvé l’âme sœur, alors que tourne l’horloge biologique.

Pour le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), cette demande d’extension de la PMA – aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels –, « s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité ». Ainsi, tout en soulignant qu’une telle réforme « modifie en profondeur les relations de l’enfant à son environnement familial », le CCNE soutient ce nouveau droit, au nom de « l’autonomie des femmes » et de leur « souffrance » (1).

Pourtant, la mesure ne va pas de soi, comme l’ont illustré les auditions des psychiatres, le 5 septembre, devant la commission spéciale de l’Assemblée nationale. Pédopsychiatre attachée à la maternité Foch de Suresnes, Myriam Szejer a émis « des réserves » sur l’extension de la PMA aux femmes seules.

« J’ai rencontré un grand nombre [de mères célibataires], j’ai repéré une importante fragilité chez ces femmes, avec une culpabilité liée au fait de ne pas avoir donné de père à l’enfant », a-t-elle témoigné devant les députés. « Cette culpabilité donne naissance à une anxiété maternelle » et à « des attitudes compensatoires. Elles vont trop s’en occuper, trop les couver », selon la psychiatre. À ses yeux, le manque « d’un tiers pour médiatiser les choses » entraîne des « couples mère/enfant qui sont parfois hautement pathologiques, voire souvent ».

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