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Le Figaro : « La droite au défi du combat sur l’identité familiale »


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Guillaume Tabard : «La droite au défi du combat sur l’“identité” familiale»

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Le contre-point.

Combien de personnes dans les meetings? Aux yeux des candidats à la primaire, c’est le meilleur baromètre ; plus fiable que celui des sondages. Mais aucun ne parvient à réunir autant de monde que ce dimanche au Trocadéro. Les dizaines de milliers de manifestants (200.000 selon les organisateurs) ayant répondu à l’appel de la Manif pour tous ne peuvent évidemment pas se comparer aux centaines de milliers d’opposants à la loi Taubira descendus dans la rue en 2013. Ils n’en sont pas moins tous des électeurs potentiels de la primaire. Or, que montre aux candidats la manif de ce dimanche?

D’abord que le débat d’il y a trois ans n’est pas une affaire classée. Passé le vote du texte, la plupart des principaux dirigeants de l’opposition se sont empressés de passer à autre chose et se sont interdit de revenir sur le sujet afin, officiellement, de ne pas «rouvrir des fractures» dans la société. Les revirements de Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé résument la position de nombreux élus qui ne veulent pas revenir sur une loi qu’ils avaient pourtant combattue. Mais les électeurs de droite restent davantage partagés. 28 % d’entre eux, selon un sondage OpinionWay de juin, réclament «l’abrogation» de la loi Taubira, position défendue par le seul Jean-Frédéric Poisson, plus connu des Français depuis le débat de jeudi. 40 % souhaitent qu’elle soit corrigée pour réserver l’adoption plénière aux couples hétérosexuels ; c’est la proposition de François Fillon. Enfin 31 % seulement sont favorables au statu quo comme le veulent conjointement Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé.

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La question du couple et de la filiation n’est évidemment pas la seule ni même la première motivation de vote à la primaire. Sinon le résultat serait bien différent de celui promis dans les sondages. Il est probable aussi qu’aucun candidat ne changera de discours sur la loi Taubira et que tous souhaiteront ménager cette part de leur électorat en se contentant de réaffirmer leur opposition à la GPA. Avec une fermeté identique à celle avec laquelle ils s’opposaient au mariage homosexuel en faisant amende honorable sur le pacs… Mais ce que révèle surtout la manifestation du Trocadéro, c’est la volonté des électeurs de cette sensibilité d’envisager leur bataille sur la famille comme un combat culturel, voire anthropologique, et pas comme une simple question sociale. Sarkozy ou Juppé insistent sur leur intention de rétablir pleinement le quotient familial ou les aides aux emplois familiaux. Mesures utiles en effet, mais qui réduisent la politique familiale à une politique sociale, là où la gauche a toujours assumé, et donc imposé, une approche culturelle et idéologique.

Sur l’«identité» familiale, le débat peut être aussi vif à droite que sur l’«identité» nationale, «heureuse» ou non. Il serait légitime, mais aussi nécessaire pour elle. L’accueil réservé à Marion Maréchal-Le Pen par exemple est là pour rappeler aux candidats à la primaire qu’à droite, d’autres votes sont possibles.

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