« Comment tu me parles » – Dans le champ très sensible de la bioéthique, les grands débats sont l’occasion de donner la parole aux citoyens sur des sujets très complexes, au risque d’engendrer des frustrations.
A quoi servent les grands débats sur la bioéthique ? Neuf mois après la fin de vastes états généraux sur le sujet, la question est régulièrement soulevée, notamment à propos de l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules. Alors que certains partisans se disent déçus par le décalage de la révision de la loi – qui a pris quasiment un an de retard –, nombre d’opposants doutent de l’utilité des débats à l’heure où les rapports sont tous favorables aux changements des règles encadrant l’assistance médicale à la procréation.
De fait, la participation à la consultation citoyenne organisée entre janvier et avril 2018 par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a été large. Participation de 21 000 personnes à 271 débats, autant d’internautes inscrits sur Internet pour déposer sur un site dédié des « contributions » destinées à alimenter le débat : les chiffres témoignent d’un intérêt pour la bioéthique bien au-delà de l’étroite sphère des spécialistes et des professionnels. Une première pour ce type de débat, qui est organisé depuis 1994 avant chaque révision de la loi, tous les cinq à sept ans.
« Il me semble important que le citoyen soit associé à la réflexion, même si elle est difficile », affirme pour sa part le président du CCNE, Jean-François Delfraissy, qui insiste sur l’importance d’un triangle constitué de trois points : les décideurs, notamment politiques, les scientifiques et les citoyens. « D’abord, ces débats sont l’occasion pour le grand public d’avoir accès à certaines données scientifiques.Ensuite, cela peut aussi être l’occasion d’écouter ce qu’il peut avoir à dire. Au cours des états généraux, un thème a ainsi fortement émergé : la place des citoyens au sein du parcours de soins. »