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ATLANTICO : Commémoration de l’abolition de l’esclavage : quand la Manif pour Tous en profite pour dénoncer une autre forme de traite moderne… la GPA


Les commémorations nationales en mémoire de l’abolition de l’esclavage ont lieu ce mardi 10 mai. Mais cette année, un autre esclavage est mis en avant par la Manif pour Tous et groupes affiliés : celui des ventres. L’abolition est-elle à géométrie variable ?

 

Atlantico : Le 10 mai est la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions », mise en place en 2006. Les mouvements autour de la Manif pour Tous (Alliance Vita) profitent cette année de l’occasion pour dénoncer l’esclavage moderne que représente pour eux la GPA. Pourquoi cette comparaison vous semble-t-elle justifiée ?

Aude Mirkovic : C’est hélas plus qu’une comparaison. La GPA ne ressemble pas à l’esclavage, c’est bien l’esclavage moderne qui se dissimule sous le sigle aseptisé de GPA. Ce n’est pas facile à réaliser car nous avons de l’esclavage une idée à l’ancienne, où l’esclave figurait dans le patrimoine du maître. Le code pénal français a été modifié en 2013 en vue précisément de tenir compte des nouvelles formes de traite des êtres humains et le nouvel article 224-1 A intègre, enfin, la réduction en esclavage telle que déjà définie par la première convention de Genève en 1926 comme le fait d’exercer à l’encontre d’une personne l’un des attributs du droit de propriété.

Rappelons les attributs, bien connus, du propriétaire : usus, fructus et abusus. Disposer (abusus) de la femme n’est d’aucune utilité pour les clients de la GPA qui se contentent de l’usus, utiliser la femme : son corps est mis à contribution et à disposition 24 heures sur 24. La prestation qu’elle fournit comporte autant de mesures attentatoires à la liberté que de clauses au contrat. Quant à son consentement réel ou supposé, il importe peu car le droit n’accorde pas de validité à un prétendu consentement à des traitements inhumains et dégradants. Les nouvelles formes de traite des êtres humains incluent ainsi les conditions de travail ou d’hébergement contraires à la dignité, alors même que les personnes ainsi exploitées peuvent être consentantes voire même satisfaites de leur sort. L’esclavage volontaire est sans doute le plus perfide, car la victime ne se plaint pas.

C’est encore plus évident s’agissant des enfants. Qu’est-ce qui caractérise l’humanité, sinon que l’être humain n’est pas un objet et qu’aucun être humain n’est propriétaire d’un autre être humain ? Or, le contrat de GPA fait de l’enfant un bien dont les contractants disposent entre eux, le plus souvent moyennant rémunération. Cette fois-ci c’est bien l’abusus, le pouvoir de disposer, que les protagonistes exercent sur l’enfant. Et, quand bien même la GPA pourrait intervenir à titre non rémunéré, elle reviendrait encore à traiter l’enfant comme un objet car on ne saurait non plus donner un être humain. Vendre et acheter, tout comme donner, sont des prorogatives de propriétaires. La GPA organise ainsi l’exercice de l’un des attributs du droit de propriété, à l’encontre tant de la femme que de l’enfant. Les bonnes intentions ne changent pas,hélas,la réalité.

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