Image - Lu dans l’Express : « Contre Sarkozy, les anti-mariage pour tous reprennent leur bâton de pèlerin »

Lu dans l’Express : « Contre Sarkozy, les anti-mariage pour tous reprennent leur bâton de pèlerin »


Les opposants à la loi Taubira reprennent du poil de la bête après le revirement de Nicolas Sarkozy sur l’abrogation de la loi. Ils comptent sur la déception pour peser lors de la primaire à droite.

Ils s’étaient juré fidélité pour le pire et pour le meilleur. Mais en enterrant dans son livre l’abrogation de la loi Taubira sur le mariage pour tous, Nicolas Sarkozy a-t-il définitivement divorcé des anti-mariage pour tous? Le revirement du président des Républicains ne leur a, en tous les cas, pas plus. Pas du tout même. Il aurait créé une opportunité pour remobiliser les troupes, veulent-ils croire. « Depuis la publication de La France pour la vie, nous recevons beaucoup d’e-mails, Nicolas Sarkozy a déçu beaucoup de monde », se réjouit-on dans l’entourage d’Hervé Mariton, l’une des figures les plus médiatiques du mouvement.

« Que ça plaise ou non, ce sujet fera partie des enjeux de la primaire », met en garde Ludovine de la Rochère, la présidente de la Manif pour Tous (MPT). Lorsqu’elle lit les bonnes feuilles du livre de Nicolas Sarkozy le 21 janvier dans Le Figaro, elle prend contact avec l’entourage du président des Républicains pour obtenir un rendez-vous, calé le 27 janvier. Avant le conseil national des Républicains qui se tient le week-end du 13 et 14 février et au cours duquel les grandes lignes programmatiques du parti doivent être discutées. Mais l’info fuite dans la presse. Nicolas Sarkozy se sent « instrumentalisé » et annule la rencontre.

Divorce entre la MPT et Nicolas Sarkozy

« Il n’a aucun tabou sur le fond mais tant que la MPT aura ce genre de méthodes, il refuse de rentrer dans ce jeu-là », explique l’entourage du président des Républicains qui évoque un « coup de communication » des opposants au mariage pour tous. « Nicolas Sarkozy est complètement à côté de la plaque. Il n’est pas rentré dans le sujet: il est parfaitement possible d’abroger la loi Taubira sans démarier les couples », s’énerve Ludovine de la Rochère qui tient généreusement « à disposition » des Républicains « des juristes et des experts » pour le démontrer. La fin de non-recevoir de Nicolas Sarkozy ne décourage pas Ludovine de la Rochère. « Nous sommes le premier mouvement contestataire de France et nous appelons nos sympathisants à voter à la primaire de la droite. Un bulletin de vote permet d’agir. »

Un coup de pression important alors que les états-majors ne savent pas combien d’électeurs vont se mobiliser lors de cette primaire ouverte. Contrairement l’élection du président de l’UMP, au cours de laquelle la MPT s’était contentée de publier les positions des candidats sur « ses » sujets, l’association agite cette fois le spectre d’un appel à soutenir l’un des prétendants. « Plus on avance vers 2017, plus l’enjeu devient important », justifie Ludovine de la Rochère qui planche également sur des propositions à faire valider aux candidats. Outre celles du « manifeste pour la famille », elle soumettra de nouvelles idées. Parmi celles-ci: l’obligation de « préparation » aux mariages civils pour en expliquer les enjeux et obligations, des cours de responsabilité parentale dans les collèges et les lycées en plus de l’éducation sexuelle ou encore la création d’un ministère à la Famille de plein exercice. A défaut de Nicolas Sarkozy, la MPT dit avoir calé des rendez-vous avec Eric Woerth, délégué général au projet.

« On ne soutiendra pas un candidat qui n’ira pas jusqu’au bout »

Autre acteur anti-mariage pour tous, le mouvement Sens commun a rencontré Nicolas Sarkozy le 29 janvier dernier. « On lui a rappelé qu’on ne soutiendrait pas un candidat à la primaire qui n’irait pas jusqu’au bout de ses convictions », indique à L’Express l’un des participants. C’est à cette occasion que le président des Républicains se serait engagé à l’oral à nommer Catherine Giner, proche de Sens commun et réputée hostile à l’avortement, au poste de déléguée nationale à la Famille. Une nomination polémique qui n’a pas encore été officialisée en commission exécutive, précise-t-on dans l’entourage de Nicolas Sarkozy. Si elle se confirmait, cette désignation porterait à quatre le nombre de cadres de Sens commun dans l’organigramme des Républicains. Son président Sébastien Pilard occupe déjà le poste de secrétaire nationale en charge des relations avec les investisseurs, Madeleine de Jessey celui de secrétaire nationale en charge des programmes de formation et Anne Lorne celui de secrétaire nationale à la petite enfance.

Un entrisme opéré également à l’échelle locale. Le 6 février, c’est Caroline Carmantrand, elle aussi émoulue de Sens commun, qui était élue présidente de la commission famille du conseil régional d’Ile-de-France. « Mais c’est bien la centriste Farida Adlani, vice-présidente de la région, qui dirigera la politique familiale et sanitaire », prend soin de détailler l’entourage de Valérie Pécresse, la nouvelle présidente de région, accusée par la gauche au cours de la campagne de faire trop de concessions à la Manif pour tous.

« Nous allons faire bouger les lignes. Les élections internes du 30 janvier des Républicains nous ont donné des résultats significatifs », glisse Sébastien Pilard, président de Sens commun. Comme un symbole, la victoire d’Edouard du Parc, l’un des leurs, comme délégué de la deuxième circonscription de Gironde…. Celle du honni Alain Juppé. Une petite victoire interne et un encouragement à peser dans la primaire. « S’il y a 400 000 sympathisants du mouvement anti-loi Taubira qui votent sur 2 millions d’électeurs, ça pèsera, se réjouit un cadre des Républicains, proche de la MPT. Pour nous, le revirement de Nicolas Sarkozy, c’est du pain béni. » Alléluia.

Retrouvez l’article d’Alexandre Sultzer ici

S'inscrire à notre newsletter